Um livro acabado de ser editado em França e cujo autor é Paul Veyne, QUAND NOTRE MONDE EST DEVENU CHRÉTIEN (ed. Albin Michel) desfaz quaisquer dúvidas caso ainda subsistissem: a Europa tornou-se cristã por uma contingência histórica, mais propriamente como resultado da vontade e de um mero capricho do Impereador Constantino. Um capricho de um poderoso Imperador, bem entendido. E que teve consequências históricas para o futuro ( até hoje, e o mais que se verá…). O capricho imperial foi ditado pela piedade: após a batalha da ponte Milvius a 28 de Outubro de 312 o Imperador Constantino persuadiu-se que o Deus único o tinha prendado com a vitória. Por causa desta forte impressão é que ele se tornou profundamente cristão, ao ponto de não admitir qualquer dúvida face a esta verdade face ao paganismo mairoritário. Note-se que nesta decisão não havia nenhum calculismo político, tanto mais que 90% dos habtantes do Império Romano eram então pagãos, sendo necessário muita determinação para ir contra a esmagadora maioria dos romanos, mesmo quando se tratava da palavra do Imperador.
Com esta tese o que se mostra é que sem a vontade e o capricho do Imperador Constantino não haveria lugar à cristianização da Europa. A escolha pessoal de Constantino provocou uma mudança radical no mundo europeu: enquanto em 312 o cristianismo era tolerado pelo gentio já em 324 quem se encontrava nessa situação era o paganismo. Mudou o Império mas também a Igreja, a qual se desenvolvera fora da esfera imperial e que agora assiste à intervenção pessoal do Imperador na gestão dos assuntos religiosos dentro da Igreja.
A esta mudança radical operada por um Imperador romano poder-se-ia opôr uma outra em sentido inverso. Foi justamente o que se passou com Juliano o Apóstata ( 361-363) que tentou descristinizar o Império mas a sua morte prematura deitou por terra aquela intenção.
O livro tem também o seu interesse porque aborda um sem número de questões como a natureza do antisemitismo cristão em comparação com o antijudaísmo pagão ( o pagão censurava ao judeu de ser o outro ao passo que o cristão condenava-o por ser só seu meio-irmão), as relações entre poder e vanguardismo, as ilusórias raízes cristãs da Europa, etc.
Um livro a ler, sem mais delongas, de um dos mais importante historiadores do Império Romano
Reproduzimos a seguir uma breve resenha do livro retirada da revista Lire
Christianisme, la Genèse
Paul Veyne éclaire d'un jour nouveau les raisons de la conversion de l'Empire romain au christianisme
Dans des pages intimidantes, Edward Gibbon, l'immortel auteur de l'Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain (Bouquins/ Robert Laffont), nous explique comment et pourquoi notre monde est devenu chrétien. Sur le comment, tout le monde s'accorde. Le 29 octobre 312, l'empereur Constantin se convertit au christianisme. La veille, sous le signe, non de la croix comme on le retient communément, mais du chrisme - monogramme formé des deux premières lettres entrelacées du mot grec Khristos (Christ) - il avait vaincu, à la bataille du pont Milvius, Maxence, son païen de concurrent. Sur le pourquoi, Edward Gibbon suggère que l'empereur Constantin attendait du christianisme qu'il fournisse «les assises métaphysiques de l'unité et de la stabilité de l'Empire». La christianisation de l'Empire romain serait donc le fruit d'un calcul, qui se serait d'ailleurs révélé être un mauvais calcul, puisque, toujours selon Gibbon, c'est à l'influence du christianisme qu'il faut imputer la chute de l'Empire.
Un best-seller qui prend aux tripesCette thèse, et quelques autres encore, Paul Veyne, avec le phénoménal brio qu'on lui connaît, va les mettre en charpie. Tout d'abord, pour retenir la thèse de la conversion par calcul, il aurait fallu qu'il y eût un intérêt proprement politique à l'association de deux puissances, celle de l'Empire et celle de l'Eglise. Or, en 312, le christianisme n'est pas une puissance. Il touche à peine 10% du monde romain. S'il a gagné quelques franges des couches élevées de la société romaine, il reste pour la grande majorité des patriciens et surtout pour les lettrés un kit de croyances, au mieux insolites, au pire navrantes. N'imaginons pas un instant que le christianisme tire de son monothéisme une quelconque supériorité morale ou philosophique. D'abord, parce que le monothéisme chrétien est, avec son Père, son Fils et son Saint-Esprit, un bien curieux monothéisme. Il est, plus sûrement, nous dit Paul Veyne, un «polythéisme moniste». Et puis, surtout, le monothéisme n'impressionne guère. On se demande pourquoi diable il constituerait un «progrès» de la raison et, sur ce point, Paul Veyne souscrit à l'aphorisme de Spinoza: «Il est aussi naïf et superstitieux de croire sans raison qu'il n'y a qu'un seul dieu que de croire qu'il y en a plusieurs.»
Si, en ce début du IVe siècle, le christianisme est là, et même bien là, nul n'est en mesure d'imaginer sa gloire future. Si Constantin se convertit, ce n'est pas sous l'effet d'une anticipation visionnaire, c'est, tout simplement, par conviction. Car il y a de quoi vouloir être embarqué dans cette étrange religion dont le fondement est cette «passion mutuelle de la divinité avec l'humanité ou plus exactement avec chacun d'entre nous», cette religion «originale, pathétique, dynamique, qui ne laisse personne indifférent», bref, cette religion dont le succès peut être comparé à celui d'un best-seller qui «prend aux tripes» ses lecteurs. D'autres facteurs ont aussi joué. En 312, le christianisme est toujours une religion «nouvelle». Elle a la fraîcheur des commencements, elle a les séductions des avant-gardes. Le christianisme, en somme, est «moderne» et Constantin cède à la tentation de l'être.
Les métamorphoses d'une «secte pour virtuoses» Telles sont donc les solides et bonnes raisons, selon Paul Veyne, de la conversion de Constantin. Mais il ne nous plante pas là. Pour que cette conversion produise les conséquences historiques bouleversantes que nous savons, il faut encore qu'adviennent une série d'événements que nulle nécessité n'a commandés. Il faut que les successeurs immédiats de Constantin soient, eux aussi, chrétiens. Il faut que Julien l'Apostat ne dispose que de trop peu de temps pour restaurer le paganisme et ses promesses de liberté. Il faut, surtout, que le successeur de Julien, le païen Sallustius, d'abord choisi par les clans de l'armée, renonce au trône et qu'avec Jovien, Valentinien, Gratien puis Théodose s'engage la prodigieuse métamorphose d'une «secte pour virtuoses» en «religion pour tous», la «christianisation des masses» étant désormais assurée par le «vertueux devoir de faire comme tout le monde».
On a compris qu'il faut lire Paul Veyne pour au moins trois raisons. Parce qu'il n'a pas son pareil pour transformer l'érudition la plus haute en un récit haletant. Parce qu'il nous délivre de la pesante chape des causes profondes et des nécessités supposées de leurs effets. Enfin, parce qu'il exécute au passage quelques grands lieux communs, telle cette séparation entre Dieu et César que nous devrions au christianisme alors que «l'on n'avait pas attendu le Christ pour savoir que Dieu et César faisaient deux». Un bijou de livre.